En hommage à Isidore Odorico, la Ville de Rennes a commandé la réalisation d’une mosaïque pour orner la passerelle installée à proximité de l’ancien atelier du fameux mosaïste. Bien que profondément marqué par le style art-déco, Odorico a souvent cherché à singulariser sa pratique, notamment en cherchant à la rapprocher de l’architecture moderne qui s’était pourtant débarrassée de l’ornementation. Plutôt que de rendre un hommage anachronique au style d’Odorico, la frise tente de prolonger sa démarche et son attitude : Odorico avait pensé un modernisme de la mosaïque, la frise est une mosaïque conceptuelle.
Le projet dresse un inventaire des matériaux laissés par Odorico dans un fonds aujourd’hui conservé par la Ville de Rennes. Les couleurs et les matériaux sont répartis proportionnellement à leurs quantités respectives de manière à former un parcours allant des matériaux les plus communs aux plus rares.
Se substituant simplement à une des rangées de briques du sol sur toute la longueur de l’ouvrage, la frise est à la fois grande (20m de long) et petite (11cm de large). L’œuvre, autant monumentale que minimale, fait jouer l’échelle du détail comme celle de l’architecture.

Les tesselles prélevées dans le fonds Odorico ont été triées en 8 familles de teintes, lesquelles ne sont pas présentes en quantités égales. C’est de cette donnée objective que découle le dessin de la mosaïque. La base de la frise est un histogramme en 8 segments qui représentent les quantités relatives des 8 couleurs restant dans le fonds Odorico.
Ces 8 segments sont ensuite subdivisés selon la même logique pour définir des associations de couleurs par paires. La frise comporte au final tous les couples possibles parmi les 8 couleurs, sans répétitions. L’ensemble est à mi-chemin entre le pur calcul statistique et les subtilités d’agencement permises par la mosaïque.